Les médecins allemands incitent à arrêter totalement l'éolien
Jean-Pierre
Riou Les
Experts 25-05-2015
L’assemblée des médecins allemands, réunis en congrès à Frankfort du 12 au 15 mai 2015 vient de lancer une alerte (Beschlussprotokoll des 118. Deutschen Ärztetages in Frankfurt am Main vom 12. bis 15.05.2015 [PDF] p353) concernant l’impact néfaste sur la santé de l’implantation d’éoliennes à proximité des habitations.
Elle attire l’attention sur les graves carences
des critères de danger retenus et tout particulièrement sur les
risques liés aux basses fréquences et infrasons. Ce rapport
souligne les effets sanitaires néfastes des fréquences éoliennes
inférieures à 1 Hz et mentionne
leurs effets potentiels même en l’absence de toute rotation des
pales, sous la seule action des vibrations solidiennes générées
par le mat.
La motion considère que ces effets
peuvent se propager jusqu’à 10km.
Ajoutons qu’une étude de Düsseldorf avait déjà
insisté sur l’importance de ce phénomène en imputant même à
ces vibrations du mat l’apparition de fissures
dans une maison riveraine.
Saluons « Renewable
Energy News » qui relaye avec transparence cette
information parue dans « The
Australian », mais qui ne semble pas avoir eu beaucoup
d’écho en Europe et aucun en France,
au moment inopportun où nos députés votaient la loi concernant la
distance de sécurité convenable entre éoliennes et habitations.…
Mentionnons au passage que ces vibrations malgré
l’arrêt du rotor soulèvent le problème de la validité des
comparaisons d’infrasons avec et sans le fonctionnement des
machines puisque la mesure du bruit de fond se trouve ainsi
définitivement faussée par leur implantation.
Il y a peu, l’Etat du Wisconsin avait demandé à
4 cabinets d’acoustique, une étude sanitaire sur le sujet. La
déclaration commune de ces 4 cabinets spécialisés fut que les
infrasons
constituaient un problème grave
susceptible de compromettre l’avenir de la filière.
Les dernières publications scientifiques
apportent un faisceau de présomptions qui ne semble plus laisser la
moindre place au doute sur la réalité de l’enjeu, connu depuis
les mises en garde de Kelley
pour l’US department of Energy en 1985.
1°) P.Schomer
vient de décrire l’explication du mécanisme biologique par lequel
les fréquences éoliennes inférieures à 1 Hz, agissant sur les
otolithes de l’oreille interne, entraineraient migraines nausées
vertiges et différents symptômes communs avec le mal des
transports, également provoqué par cette même fréquence, dont le
pic nauséogénique se situe à 0.167Hz
(Griffin 1990)
2°) J.Mikolajczak
vient de mettre en évidence
l’augmentation du taux de cortisol, marqueur de stress, sur des
oies élevées à 500m d’éoliennes.
3°) S.Cooper vient d’établir le lien
incontestable entre ces sensations (migraines, nausées…) et les
infrasons éoliens dans une étude effectuée pour la filière
elle-même et qui le reconnait sur son propre site. (Pacific
Hydro)
4°) L’acousticien Swinbanks
a été la propre victime de ces mêmes effets sanitaires pour
lesquels il était venu procéder au mesurage des infrasons éoliens.
Ces 4 études, qui datent de moins de 6 mois,
semblent rendre vaines les dernières tentatives de négation du
problème sanitaire qui consistaient à considérer qu’il manquait
encore :
1°) une explication du mécanisme de cause à
effet, 2°) des mesures biologiques chiffrées, 3°) des tests
correspondant à des procédures marche/arrêt des machines, 4°) la
preuve qu’il ne s’agissait pas de symptômes imaginés en raison
d’une opposition de principe au développement éolien, pour
confirmer les milliers de victimes décrites dans les publications.
Pour le moins, il semble de plus en plus
problématique de continuer d’affirmer que l’exposition des
populations à la proximité d’éoliennes industrielles en
fonctionnement ne représente aucun enjeu sanitaire ou que les
mesures de protection ont une quelconque validité.
Leur réglementation s’étant avérée
totalement inadaptée, par les mesures en décibels pondérés « A »
qui ne prennent aucun compte des fréquences les plus dangereuses
pour la santé et sont dénoncées par la communauté scientifique.
(Alves Pereira, Salt, Schomer, Rand, Punch….).
Ajoutons d’ailleurs que l’AFSSET dont se
réclame le législateur en déplore très explicitement « la
plus totale ignorance » concernant les critères retenus et
rappelle la nécessité d’étudier les risques liés aux infrasons.
(p7/7
du rapport « original ») Ce rapport
est de mars 2008, les effets des infrasons, basses fréquences et
vibrations ont été avérés depuis et sanctionnés par les
tribunaux comme par une réglementation
appropriée.
La France ne prenait en compte les basses
fréquences qu’à partir de 125Hz (code de santé publique). A la
suite des travaux sur les infrasons, le
Danemark a durci sa législation en prenant en compte des fréquences
éoliennes à partir de 10 Hz en 2011.
De façon assez étonnante,
l’arrêté du 26 aout 2011 dispensait les éoliennes françaises de
tout contrôle des basses fréquences !
Le médecin danois Mauri Johansson a dénoncé les
pressions de la filière professionnelle concernant le contrôle des
infrasons et basse fréquences en publiant une
lettre ouverte dans laquelle il cite le courrier
du constructeur danois Vestas qui met le gouvernement en garde
contre l’impact négatif qu’aurait un tel contrôle sur l’image
des éoliennes et donc sur ses exportations. Le marché danois ne
représentant que 1% de son activité.
Selon l’Université d’Aalborg, les mêmes
critiques seraient à l’origine du limogeage de l’éminent
professeur d’acoustique H.Møller (Windmollemafiaen)
Des publications
innombrables rapportent des cas de santé dégradée en
présence d’éolienne et en attribue la responsabilité à
celles-ci.
Ce qui explique l’article du journal des
médecins de famille canadiens qui prépare ceux-ci à en rencontrer
un nombre
croissant de victimes sanitaires.
Selon « Die
Welt » le Danemark applique désormais un moratoire tacite
dans l’attente des conclusions d’une enquête gouvernementale, à
la suite de graves problèmes sanitaires liés aux éoliennes.
La santé
danoise se trouve ainsi protégée sans que les exportations soient
menacées par une réglementation contraignante.
En France, l’Académie de Médecine, qui
préconisait 1500m d’éloignement avec les maisons, réclame depuis
2006 qu’une étude épidémiologique sur le sujet soit menée.
Le très regretté sénateur J.Germain qui voulait
protéger les riverains a fait voter par le Sénat une distance de
précaution d’au moins 1000m.
Chez nous, les motivations du développement
éolien sont incomparables à celles du Danemark, le nombre d’emplois
concernés par la fabrication de composants d’éoliennes restant
marginal et notre parc électrique n’émettant pas de CO2 (pour
plus de 90% de sa production) n’a aucune réduction d’émission à
attendre de l’implantation de nouvelles éoliennes.
Après les menaces, brandies par la filière, de
difficultés insurmontables liées à cette protection sanitaire de
1000m, les députés viennent de ramener, jeudi soir, cette
distance à 500m.
Un jour, il faudra qu’on nous explique.